L'académie des trois soeurs
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L'académie des trois soeurs

Nécromancie, magie des éléments, (et autres) ce sont les exemples de matières que vous pourrez apprendre au coeur de cette mystérieuse école.
 
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 Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)

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† Cya At
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MessageSujet: Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)   Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia) Icon_minitimeDim 3 Juin - 15:09

/!\ AVIS /!\

Cette histoire s'inspire de faits ayant existés. C'est le fruit d'un travail de quelque mois avec deux de mes camarades. Il s'agit d'un regroupement de plusieurs témoignages, d'informations et de chiffres concernant la pratique imorale de l'excision.

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L'excision... Peu de personnes en Europe savent vraiment ce que c'est. Bien sûr sur ce continent il y a des femmes excisées, comme moi. Je m'appelle Shima Ouhadé, je suis d'origine Africaine, comme beaucoup de femmes excisées. J'ai la chance de vivre en Europe, en France plus précisément. Mais ma vie a été marquée à jamais par un évènement que je pensais heureux à mon jeune âge. C'est pour traduire mon mal et pour éviter qu'il ne soit infligé à des petites filles que j'ai décidé d'écrire ce livre.

Lorsque j'étais enfant, je vivais au Kenya dans un petit village qui comptait une cinquantaine de petites cases. Je restais la plupart du temps avec ma mère, une des femmes les plus respectées du village. Chaque jour se ressemblait, ma mère préparait les repas, elle partait à la rivière pour laver notre linge. Je l'accompagnais pour me baigner dans l'eau fraîche sous la chaleur accablante. Un jour, j'ai entendu ma mère crier sur mon père.

"Je refuse de lui infliger ça !" disait-elle sur un ton agressif que je ne lui connaissais pas.

"Elle le subira, je refuse que ma fille soit impure et l'exclue du village ! Toutes les femmes de la famille l'ont subi et elle le subira pour honorer sa famille !" cria mon père.

C'était la première fois que je les entendais crier comme ça l'un contre l'autre. Mon père et ma mère se sont toujours aimés, ils étaient tous les deux très doux et très gentils. A les entendre crier je me mis à pleurer. A cause de mes larmes bruyantes leurs visages se radoucirent immédiatement. Ma mère me prit dans ses bras et me consola. Je remarquai qu'elle regardait mon père d'un air de défi. Bien sûr à l'époque j'étais trop petite pour le comprendre mais lorsque ce souvenir remonte en moi, je revois la petite flamme qui brûlait dans les yeux de ma mère.

Quelques jours plus tard, ma mère me prit par la main.

"Viens, nous allons nous promener dans la brousse." Me dit-elle avec un grand sourire.

Elle savait que j'aimais y aller. Mon père était devant la porte de la maison avec une vieille femme. C'était une matrone. Selon les villageois c'était elle qui transformait les petites filles en femmes. Peut être que j'allais avoir droit à cet honneur ! Mon père se tourna vers moi le sourire aux lèvres. Il posa un genou à terre pour être à ma taille.

"Alors, vous allez vous promener ?" me demanda-t-il

"Oui ! Nous allons dans la brousse avec maman !" répondis-je toute heureuse.

Il se redressa et regarda ma mère droit dans les yeux. Il lui fit un sourire.

"Elle vous rejoindra près de l'arbre." informa-t-il.

Ma mère lui sourit à son tour avant de me serrer la main un peu plus fort. Lorsque j'y repense je me rend compte que ces sourires étaient faux. Le sourire de mon père était compensé par son regard froid, signe que ma mère ne devait pas désobéir. Et le sourire crispé de ma mère voulait dire qu'elle ne désobéirait pas mais qu'elle n'était pas d'accord.

"Allez viens, Shima." dit-elle en me faisant signe de la suivre.

Je la suivis en faisant signe de la main à mon père. Je quittai le village pour parcourir un chemin que je connaissais par coeur mais que j'aimais toujours autant. On traversait un paysage assez aride, il y avait peu d'arbre et l'herbe était très sèche. Ma mère marchait rapidement, plus rapidement que d'habitude...

"Tu sais, ton père t'aime beaucoup... C'est pour ça qu'il a pris cette décision." dit-elle

"Quelle décision ? De quoi tu parles, maman ?" lui demandai-je

Elle s'arrêta et s'agenouilla devant moi.

"Il y a longtemps lorsque j'avais ton âge ma mère m'a emmenée quelque part. Elle me dit qu'une belle surprise m'attendait et que j'allais en être fière toute ma vie. Toutes les femmes doivent le subir... Même si je ne suis pas d'accord avec eux je ne peux rien faire contre. Dans notre village les femmes n'ont pas le droit de donner leur avis. Elles doivent obéir à leur mari... Ton père et moi nous t'aimons de tout notre coeur." me confia-t-elle.

A l'époque j'étais trop petite pour comprendre un seul mot. Je ne savais pas de quoi elle parlait. Elle se remit debout et m'entraîna un peu plus loin dans la brousse. Le paysage commençait à changer. Les arbres devenaient de plus en plus nombreux, l'herbe semblait moins sèche. Elle m'emmenait dans un nouvel endroit. Je n'avais jamais pris cette route auparavant. J'avais le sourire aux lèvres, je ne découvrais pas souvent de nouveaux lieux. Peut être que là je découvrirais un nouveau jeu ! J'ai hâte d'arriver ! Nous nous sommes arrêtées devant un grand arbre, près d'une rivière. C'était un peu plus loin que l'endroit où ma mère lavait le linge.

"C'est l'arbre centenaire... Peu de gens peuvent le voir dans leur vie. On raconte qu'il est magique."

"Magique ? Raconte-moi, maman !" la suppliai-je

"On dit au village que lorsqu'une fille disparaît et passe par cet endroit elle n'est plus comme avant. On raconte que grâce à cet arbre les petites filles qui ne sont pas possédées par le démon survivent à la plus grande épreuve de leur vie." me dit-elle.

Elle avait le regard triste et nostalgique. Je me disais que c'était sûrement parce qu'elle se souvenait de sa propre aventure... J'espérais de tout mon coeur qu'elle me la raconte un jour. J'entendis un bruit. Je me retournais. Il s'agissait d'une autre petite fille avec sa mère, suivies de près par la matrone !

"Bonjour à vous deux..." dit-elle d'une voix rocailleuse. "Nous allons commencer par vous"

Elle pointait du doigt la petite fille qui venait d'arriver. Je sentis une pointe de jalousie monter en moi. Pourquoi est-ce que c'était elle la première et pas moi? J'étais arrivée avant !

"Allonge-toi sur le sol." dit la vieille femme.

Une fois qu'elle fut allongée la vieille femme lui releva son habit, découvrant son sexe. Quatre autres femmes apparurent alors. Deux d'entres elles tinrent les pieds de la petite fille et les deux autres lui agrippèrent les bras et les collèrent au sol. Sa mère tenait ses épaules fermement. Je ne comprenais pas ce qu'elles voulaient faire. Ma mère me prit contre elle, cacha mes yeux et me boucha les oreilles. Pourtant je réussis à entendre un cri déchirant. La petite fille hurlait. Au bout d'un moment ma mère me libéra. Elle m'embrassa sur le front. J'avais peur. Je ne savais pas pourquoi cette fille avait crié mais je ne voulais pas le savoir ! Je voulais rentrer chez moi, voir mon père et sauter dans ses bras. Ma mère me dit de m'allonger sur le sol. Ce que je fis. Après tout, ma mère ne pouvait pas me faire de mal. Les femmes s'approchèrent de moi et chacune d'entre elles me bloqua les jambes et les bras. Ma mère me tenait les épaules. Je vis alors la vieille femme arriver. Elle avait un couteau bizarre taché de sang. Elle s'agenouilla entre mes jambes, releva mon vêtement et se pencha. Je ne pouvais plus rien voir. Je me débattais mais ces cinq femmes me tenaient fermement et je ne pouvais pas bouger d'un centimètre. Je sentis une douleur effroyable au niveau de mon entrejambe. De toute ma vie je n'ai jamais rien ressenti d'aussi douloureux. Je hurlais de toutes mes forces pour chasser cette souffrance atroce qui me transperçait de toute part. Mais au lieu de s'atténuer elle augmentait, encore et encore. Je hurlais dans l'espoir que quelqu'un fasse quelque chose pour me soulager mais personne ne bougea. Je levais les yeux embués de douleur et de chagrin vers ma mère. Elle avait les traits déformés par les larmes qui coulaient le long de son visage pour venir s'écraser contre le mien. Pourquoi pleurait-elle? C'était à moi qu'on faisait du mal et pas à elle ! Je me débattais. Je voulais que tout s'arrête.

"C'est fini..." me dit la vieille avec son sourire.

Pour la première fois de ma vie je ressentis une profonde haine en moi.

Je la vis se pencher encore une fois vers moi. Une des femmes me lâcha un moment mais sous la douleur intense, je ne pouvais pas faire un seul mouvement. Je vis la femme donner un long tuyau gluant couleur chair à la vieille. A ce moment je sentis quelque chose rentrer dans mon sexe déjà ravagé par la douleur. Cette fois la douleur était plus aiguë et me pénétrait de droite à gauche pendant un instant mais je ne savais pas ce qu'elle me faisait. Je sentis que les femmes me relâcher sauf ma mère et la vieille qui retirait son couteau taché de sang qui coulait sur le sol. Je me mis à pleurer de rage. La douleur lancinante ne quittait pas mon entrejambe. Je m'appuyais sur les coudes et me mis difficilement en position assise. La rivière qui habituellement était translucide, tirant légèrement vers le marron à cause du sol, était rouge. Lorsque je regardais entre mes jambes je ne vis que du sang.
Qu'est-ce qu'elles m'avaient fait ?

Ma mère me serra dans ses bras sans que je réagisse. Comment avait-elle pu les laisser faire? Comment une mère pouvait elle laisser son enfant subir une telle douleur ?

"Ma petite fille..." murmura-t-elle "Tu es une femme maintenant et aux yeux de tous..."

"Une femme? Pourquoi une femme devrait-elle subir cette horreur ?"

Ma voix était faible et légèrement chevrotante.

"C'est ainsi depuis la nuit des temps... C'est notre héritage."

"Qu'est-ce que je vais faire maintenant ?"

"Tiens"

Elle me tendit une nouvelle robe, c'était très rare dans notre famille. On en avait une lors des grandes occasions.

"Va te rincer dans la rivière... Ce sera douloureux au début mais tu t'y habitueras..." me dit-elle.

Je me levais sans accepter sa main tendue vers moi pour m'aider. Je me dirigeais lentement vers la rivière.

"Shima ?"

"Oui ?" demandais-je sans me retourner.

"Je n'ai jamais voulu que tu subisses cela..."

"Je sais mais tu aurais dû essayer de les empêcher au lieu de les aider !"


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† Cya At
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MessageSujet: Re: Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)   Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia) Icon_minitimeDim 3 Juin - 15:10

Je mis un pied dans l'eau, elle était rafraîchissante. Je m'avançais et m'accroupis dedans. La douleur revint plus vivement. Je retins mes larmes : j'avais déjà assez pleuré. Je frottais doucement pour avoir le moins mal possible, lorsque tout le sang fut parti je sortis de l'eau. Ma mère m'attendait pour m'essuyer, elle me déposa un baiser sur le front comme si tout était comme avant. Elle me fit mettre la robe et m'attira contre elle. Elle me mit autour de la taille une ceinture de feuillage.

"Maintenant on va retourner au village où tu danseras pour l'honneur de la famille..." dit-elle tristement.

Quelle stupidité ! Je lui fis tout de même un sourire. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour sa famille ! Elle me prit par la main et nous retournâmes lentement jusqu'au village. On était juste à l'entrée lorsque ma mère me regarda et hocha la tête. Comprenant ce qu'elle voulait je me mis à sauter. La douleur était plus grande encore mais je me forçais à sourire tandis que je traversais le village en exécutant la danse très énergique que ma mère m'avait apprise. Les femmes me regardaient en souriant. J'en entendis certaines qui disaient :

"La petite Shima est une femme maintenant... Heureusement que son père n'a pas écouté sa mère ! Sinon Shima aurait été impure !"

Ainsi je devais souffrir pour être pure ? Je dansais pendant plusieurs heures de suite sans m'arrêter bien que j'avais très mal. A un moment je sentis que du sang coulait doucement... Lorsque la nuit commença à tomber, une femme vint à ma rencontre et se mit à danser à son tour. Les femmes du village devenaient de plus en plus nombreuse et chacune dansait avec moi. Mon père arriva aussi. Je le vis me regarder de loin mais il ne dansait pas.

J'étais à bout de force lorsque ma mère vint enfin me voir.

"Ma petite fille, on rentre..." me dit-elle.

Je fis signe à toutes les femmes et je suivis ma mère jusqu'à chez nous. Mon père nous attendait dans la maison.

"Je suis fier de toi! " s'exclama-t-il

Il ne comprenait pas ce que je ressentais. Je me tournais vers ma mère.

"Où est l'autre fille ?"demandai-je

Je ne l'avais pas revue bien qu'elle aurait dû danser avec moi puisqu'elle avait subi la même chose.

"Le démon l'a prise avec lui..." me dit-elle en détournant les yeux.

"Comment ?" m'exclamai-je

Elle était plus svelte que moi et semblait bien plus gentille. Pourquoi le démon l'aurait-il prise ?

"Le mangeur d'âmes a fait monter son sang sale tout le long de son corps. Il l'a fait trembler pour lui montrer qu'elle lui appartenait puis lorsqu'elle a acceptée de le rejoindre il l'a laissée. Son coeur est avec le démon !Elle a donc fait une hémorragie." me dit-elle.

"Ne parlons plus de ça. Viens là ma petite fille." ordonna mon père.

Je me dirigeai vers lui lentement pour ne pas réveiller la douleur. Je n'aspirais qu'à une chose : m'allonger pour que cette journée de calvaire s'arrête. Mon père sortit quelque chose de sa poche. Un bracelet en or.

"Ce bracelet appartenait à ton arrière grand-mère. Il est très précieux. Garde-le bien." me dit-il

"Pourquoi me l'offrir ?" demandais-je

"Parce qu'aujourd'hui tu as été très courageuse et que tu es devenue une femme. Est-ce que tu as déjà vu une femme sans bijoux ?" interrogea-t-il

Je fis non de la tête. C'est vrai que toutes les femmes du village en possédaient un. Un jour j'avais demandé à ma mère quand j'en aurais un. Elle m'avait dit qu'elle n'espérait pas me voir avec un bijou un jour et que le sacrifice était trop grand. Je comprenais seulement maintenant ses paroles.

"Est-ce que je peux aller me coucher ?"

"Vas-y ma petite fille" me dit ma mère.

Je me réfugiai dans mon lit. J'entendais mes parents parler à voix basse. Ma mère s'adressait sèchement à mon père. Je savais de quoi ou plutôt de qui ils étaient en train de parler puisqu'ils lançaient souvent des regards vers moi.

Le lendemain ma mère vint me voir à mon réveil. Elle me souriait mais je reconnus immédiatement la lueur qui scintillait dans ses yeux. C'était de la tristesse.

"Bien dormi ?" demanda-t-elle comme tous les matins.

"Oui..." répondis-je.

Je savais qu'elle voulait me dire quelque chose.

"Viens, je vais t'habiller."

Je me levai, réveillant la plaie douloureuse mais je fis comme si de rien n'était et je suivis ma mère. Elle me lava rapidement et me revêtit de la même robe que la veille. Puis elle me montra la ceinture de feuilles.

"Tant que tu porteras cette ceinture tu devras danser. En général nous devons la laisser une quinzaine de jours" me dit-elle "Je sais que c'est douloureux mais... il faut que tu te tiennes à la tradition..."

"D'accord" répondis-je.

Bien sûr je n'avais pas tellement envie de danser pour montrer que j'étais heureuse puisque c'était totalement faux. Mais je devais me plier aux exigences de la famille. Pendant quinze jours je dansai dans le village. Chaque soir je rentrais exténuée et je comptais avec impatience les jours qui me séparaient de la fin de mon calvaire. Ma mère, le dernier jour, rangea la ceinture : ma souffrance était terminée.


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MessageSujet: Re: Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)   Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia) Icon_minitimeDim 3 Juin - 15:10

Je vécus durant six autres années dans mon petit village malien. Au cours de la sixième année, une importante nouvelle bouleversa notre vie. Un jour où j'étais partie à la rivière pour laver le linge je surpris mes parents en grande discussion. Mon père semblait heureux puisqu'il serrait ma mère dans ses bras. Même s'ils s'aimaient je n'assistais pas souvent à ce genre de geste tendre de leur part. Ma mère semblait à la fois heureuse, effrayée et triste. Elle se tourna vers mon père et le regarda droit dans les yeux.

"Si c'est une fille je refuse qu'elle soit excisée..." dit-elle.

Mon père baissa la tête.

"Tu ne vas pas recommencer ! Shima est une femme assise sur le couteau et elle est très heureuse !" dit-il.

Je secouai la tête. Pourquoi ne disait-il pas 'femme excisée' ? Je rentrais dans la pièce, incapable de me contenir.

"Je ne suis pas heureuse ! Depuis ce jour je souffre tout le temps ! Est-ce que tu veux toutes nous faire souffrir ?" criai-je

"Bien sûr que non !" s'exclama-t-il.

"Shima, va dehors s'il te plaît." me dit ma mère.

Je sortis à contrecoeur. Je ne savais pas ce qu'avait décidé mon père...

Au fil des semaines je regardais le ventre de ma mère s'arrondir et grossir un peu plus. Au bout de quelques mois son ventre était tellement gros qu'elle pouvait à peine se baisser. Un jour, je me suis absentée pour aller chercher de l'eau à la rivière et lorsque que je revins je vis la vieille. Pourquoi était-elle là ? Soudain j'entendis crier : c'était ma mère.

"Eh bien petite Shima, tu es prête à avoir une petite soeur ou un petit frère ?" me dit la vieille

Elle resta avec ma mère pendant plusieurs heures durant lesquelles mon père fit des aller et retours dans la pièce. Il venait de s'écrouler sur une chaise lorsque la vieille sortit de la chambre. Mon père sourit et m'entraîna à sa suite dans la chambre. Ma mère était allongée sur un lit avec un petit être qui lui tétait le sein goulûment comme si le simple fait de vivre l'affamait. Ma mère avait un sourire rayonnant et semblait exténuée. La vieille revint dans la chambre.

"On lui fait tout de suite ? Comme ça elle aura oublié une fois grande." dit-elle

"Non, elle ne sera pas une femme assise sur le couteau." déclara mon père.

La vieille le regarda comme s'il était fou.

"Vous n'êtes pas sérieux !" cria-t-elle rageusement.

"Je n'ai jamais été plus sérieux" dit mon père calmement.

"Il faudra que votre enfant impure meure !" cria-t-elle.

Elle partit rageusement. Mon père alla vers ma mère et caressa doucement la tête du nouveau-né. Son poing était aussi gros que la tête du bébé. Dehors j'entendis la vieille hurler que nous ne ferions pas exciser ma petite soeur.


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MessageSujet: Re: Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)   Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia) Icon_minitimeDim 3 Juin - 15:11

Plusieurs jours plus tard ma mère était totalement remise de son accouchement. Nous recevions tous les jours des menaces. On nous exhortait à faire exciser la petite Kouyaté... Mes parents tenaient bon malgré que cette situation soit invivable. Plusieurs personnes refusaient de nous vendre de la nourriture. D'autres ne nous adressaient plus la parole. Nous n'avions plus aucun ami : nous étions des exclus. Un jour mon père nous emmena sur un bateau. Il disait que tout serait mieux une fois arrivés. Mais où allions nous ? Je n'avais jamais pris de bateau. C'était assez amusant de voir de très gros poissons dans l'eau. Le voyage dura longtemps. Je finis par m'endormir sur les genoux de mon père. Lorsque je me réveillai il faisait nuit et je ne reconnus rien.

"Où sommes-nous ?" questionnais-je

"En France..." me dit mon père.

Je ne connaissais pas ce village... Il paraissait très différent. Des lumières se trouvaient partout sur les chemins, des maisons immenses se dressaient devant nous. Elles n'étaient pas comme celles de notre village, faites de bois... Celles-ci étaient faites de pierres. On devait avoir très chaud dans ces maisons. Nous croisions d'autres bateaux beaucoup plus beaux que le nôtre. Ils étaient blancs et la lumière des phares se réfléchissait sur eux, leur donnant un aspect spectral. Nous avons mis un pied à terre. Nous étions dans un nouveau village, en sûreté.
Le lendemain mon père alla dans un grand bâtiment. Je ne savais pas ce que c'était à l'époque, on m'avait juste dit que nous devions aller là-bas. Nous attendions mon père. Je ne comprenais pas ce que les gens disaient : ils ne parlaient pas la même langue que moi. Au début je croyais que c'était juste une langue ethnique différente, mais j'appris vite que nous avions quitté notre pays pour un autre où l'excision était interdite Nous pouvions enfin sauver ma sœur !

Lors de mes seize ans nous étions parfaitement intégrés en France. Bien que nous vivions dans un petit appartement sordide dans la banlieue parisienne c'était déjà beaucoup mieux que dans mon pays d'origine. Personne ne nous insultait parce qu'on refusait de se plier à une tradition. Mon père était demandeur d'emploie mais il travaillait au noir pour subvenir à nos besoins. Ma mère avait réussi à trouver du travail dans une petite boutique qui vendait du tissu africain. Elle montrait comment on le nouait, technique assez compliquée pour les non-initiés. Ma petite soeur était entrée à l'école. Lorsque nous étions arrivés en France elle ne savait pas encore parler alors elle apprit bien plus vite que nous les deux langues. Mon père, ma mère et moi avons dû suivre des cours pour apprendre à parler le français. C'était dur au début mais maintenant tout va bien. J'ai dû suivre des cours de rattrapage pour me mettre au niveau des autres enfants de mon âge. J'avais juste une année de retard : j'étais en seconde à la place d'être en première. J'étais une élève moyenne mais je faisais de mon mieux pour réussir. Les cours étaient intéressants, mes parents lisaient souvent mes notes pour s'instruire un peu aussi. Un jour alors que je rentrais de l'école ma mère vint me voir avait un sourire radieux.

"Ton père a trouvé un vrai travail ! Notre situation va s'améliorer !"

C'était vrai, nous pouvions enfin manger autre chose que des pâtes... Je me sentais mieux qu'avant. Quoi de plus normal? Ma famille était heureuse, nous n'étions plus insultés, nous pouvions manger à notre faim... C'était magnifique, les choses changeaient enfin.
Un matin, pendant les cours d'ECJS (Education Civique Juridique et Sociale) trois élèves allèrent au tableau pour présenter un exposé.

"Aujourd'hui, nous allons vous parler de l'excision."

Je fus très surprise... Pourquoi les Européens parlent-ils de ça alors qu'ils ne le subissent pas ? Mais bon, ce sera intéressant de voir ce que pensent
les Européens de cette pratique ignoble.

"Tout d'abord, il faut savoir qu'il y a trois sortes d'excision" dit l'une des filles

"Pour commencer il y a la sunna, c'est la forme d'excision la 'moins grave'. Lorsqu'on pratique la sunna soit on coupe la membrane du clitoris soit on l'incise ou on peut encore couper le capuchon. C'est pour ça qu'elle est appelé 'excision symbolique'. Mais elle n'est pas très pratiquée."

"Ensuite il y a la forme la plus courante: la clitoridectomie. Dans ce cas, on enlève une partie ou l'intégralité du clitoris et des petites lèvres" dit la troisième.

"Et ensuite, la forme la plus horrible : l'infibulation ou 'l'excision
pharaonique'. On la nomme ainsi parce que dans cette situation on enlève le clitoris, les petites et les grandes lèvres puis on coud la vulve avec un catgut ou du fil de soie ou parfois même avec des épines ! On ne laisse qu'un trou pour aller aux toilettes et pour les règles"
expliqua la première.


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MessageSujet: Re: Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)   Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia) Icon_minitimeDim 3 Juin - 15:11

Dans la classe, ils avaient tous l'air écoeurés. C'est vrai que vu sous cet angle c'est assez dégoûtant.

"En général, ce sont les matrones du village ou des tradipraticiennes qui s'occupent de ces opérations. Elles peuvent utiliser des bouts de verre, des couteaux parfois rouillés ou des lames de rasoir" dit la seconde.

" Si les parents font exciser leurs filles c'est pour être acceptés dans la société. Ceux qui refusent de le faire sont exclus et les filles ne peuvent pas se marier. Parfois on dit même que c'est pour qu'elles soient en bonne santé" dit la troisième.

"L'excision obligerait les filles à arriver vierges à leur mariage. Certains hommes croient que le sexe d'une femme non excisée pourrait les tuer ou retenir leur pénis prisonnier dans le vagin. Si une femme non excisée accouche, le bébé est étouffé parce que le clitoris recouvre ses narines et il ne peut plus respirer " dit la première.

J'entendais certains commentaires de la part de mes camarades : "Ils sont cinglés", "Si une femme accouche sans avoir été excisée son bébé étouffe", "N'importe quoi !" Apparemment ils trouvaient ces hypothèses plus qu'idiotes. Mais c'était pourtant véridique. Et les mentalités commencent seulement à changer. J'étais assez étonnée que personne ne se prononce en faveur de l'excision. D'habitude quel que soit le sujet il y a toujours quelqu'un qui n'est pas du même avis que les autres. Mais pas cette fois. C'est la première fois que ça arrivait. Les filles avaient parlé de ce qu'était l'excision mais elles n'avaient pas tout expliqué. Pourquoi est-elle pratiquée ? Pourquoi a-t-elle été inventée ? Et où est-ce qu'on la pratique ? Il n'y a pas que dans mon village... Du moins je ne pense pas... Sinon nous ne serions pas partis aussi loin. A qui pourrai-je demander tout ça ? Pas à mes parents, ils n'en savaient rien. Non, il faut que je trouve par moi-même ! Je sais ! La bibliothèque ! J'irais après les cours !

Je me rendis à la bibliothèque qui n'était pas très loin de chez moi et m'installai devant un ordinateur. Je tapais sur un moteur de recherche "origine de l'excision" mais les sites étaient incomplets. Il me fallut beaucoup de temps pour réunir des informations satisfaisantes. Ce jour-là, j'appris que l'excision remonte au temps des Egyptiens. On a retrouvé des momies excisées vers 5 000 ou 6 000 ans avant Jésus Christ. Apparemment, c'était un usage courant. On retrouve des traces des premières excisions en Egypte, en Syrie, en Ethiopie et en Perse. Ce sont les pays à métissage négro arabe qui ont adopté le plus rapidement une telle pratique mais on ne peut pas situer précisément son origine. Sous les Egyptiens, les hommes excisaient les femmes pour qu'en temps de guerre elles ne soient pas infidèles. Le rite pour l'excision est toujours le même et c'est celui que j'ai vécu. Un rituel qui remonte dans l'ancienne Egypte! C'est incroyable... Mais c'est dommage que cela fasse aussi mal...

J'allais à la bibliothèque dès que je pouvais. Les sites parlant avec exactitude de l'excision était rare. La plupart se trompaient même dans la définition.

J'appris que l'excision avait également été pratiquée en Europe. On mentionne un gynécologue: Isaac Baker Brown qui a pratiqué la clitoridectomie sur plusieurs femmes pour soigner la migraine ou les cas d'hystérie et d'épilepsie. Il a retiré le clitoris à une femme qui avait mal au dos et on dit qu'elle ne s'est plus jamais plainte de son dos. En même temps elle avait peut-être tellement mal qu'elle ne se plaignait plus de peur de subir une opération aussi horrible... Baker Brown diagnostiqua des signes de masturbation chez une patiente atteinte d'épilepsie et il l'excisa. Il était convaincu que toute les maladies nerveuses prenaient leur source dans la masturbation. Pour cette raison il excisait aussi les petites filles. En 1827, un autre médecin allemand, Nagrodzki, disait que c'était le seul moyen de guérir 'la nymphomanie et autres maladies mentales'. Donc au XIXème siècle la clitoridectomie n'était pas considérée comme un acte barbare, au contraire puisque c'était pour soigner. J'appris également que la lutte contre l'excision avait débuté avant l'indépendance des pays d'Afrique en 1960 grâce à des médecins et des sages-femmes. Mais à cette époque, tout comme la polygamie, c'était un sujet tabou. Il y avait quand même des gens qui réussissaient à convaincre des familles de ne pas exciser leur fille. Certaines de ces enfants, nées avant 1960, ne sont pas excisées.


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MessageSujet: Re: Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)   Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia) Icon_minitimeDim 3 Juin - 15:12

Maintenant, la clitoridectomie est pratiquée dans 28 pays du monde et environ 75 millions de femmes seraient concernées. Chaque année il y a environ 2 millions de petites filles qui sont excisées... Et dire que j'en fais partie... J'étais assez surprise des pourcentage de femmes dans ce cas, je ne pensais pas que les chiffres pouvaient être aussi élevés !

En Côte d'Ivoire et en Guinée on en recense plus de 80% . C'est énorme! Je ne pensais pas qu'il y en avait autant en Afrique! Mais cela n'arrive pas qu'en Afrique. Dans es pays arabes le Yémen, les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn, le Qatar et la Mauritanie sont les foyers principaux de l'excision.
Mais même si ces pourcentages sont effrayant j'ai remarqué qu'il y avait une nette diminution : les femmes excisées au Sénégal sont au nombre de 20% alors qu'en 1982 c'était entre 50% et 75%. Certaines personnes prétendaient que l'excision était un acte religieux préconisé par Mahomet. Mais il s'avère que c'est complètement faux. Aucun sourate et aucun hadith ne la rend obligatoire. En plus, les quatre filles de Mahomet n'étaient pas excisées ! La seule recommandation que Mahomet aurait faite c'est lors d'un voyage à Médine :'Lorsque tu effectues une excision, garde-toi bien d'enlever tout le clitoris. La femme demeurera épanouie et son mari profitera de son plaisir' disait-il à une exciseuse d'esclaves. Certains pensent que l'excision a fait son apparition en même temps que l'islam. Mais comme je l'ai appris plus tôt, c'est faux. Au contraire le Prophète à tenté de l'amoindrir voir même de la supprimer parce qu'il pensait que c'était nuisible à l'équilibre sexuel de la femme. Si on dit que c'est la religion qui veut l'excision c'est parce que la Charia reconnaissait sa valeur. Alors la transmission a eu lieu de génération en génération. A force on y a vu une obligation religieuse. Il y a même une ethnie, les Halpulaar, qui pense que pour tous les musulmans dignes de ce nom que c'est un acte de 'purification'. En Halpulaar exciser se dit 'dioulnouder' ce qui signifie 'purifier'.

J'ai été vraiment très surprise en apprenant que des chrétiens aussi excisaient leurs filles bien qu'ils ne soient pas très nombreux. Il s'agit de Chrétiens égyptiens et de Juifs d'Ethiopie, les Fachalas. Sur 113 femmes juives éthiopiennes, 42% possèdent des cicatrices de MGF (mutilations génitales féminines). 10% des femmes avaient subi une amputation totale du clitoris, 17% avaient le clitoris en partie endommagé, 7% avaient une incision d'environ un centimètre sur les lèvres et 3% avaient une incision sur le prépuce clitoral. Au Kenya malgré que certains chrétiens pratiquent l'excision, l'église protestante désirait mettre un terme à cette coutume. Mais même le Président Kenyan a refusé en disant qu'un Kenyan digne de se nom devait se marier avec une femme excisée. Il faut dire qu'à cette époque, l'excision était une condition sine qua non pour se marier.
Je trouvais tout cela aberrant ! Maintenant j'avais un point de vue clair sur l'excision. Avant je la détestais parce que ça me faisait souffrir mais de plus j'ai appris que les hommes l'utilisaient pour nous dominer sexuellement ! Le nom d'une organisation revenait tout le temps lorsque l'on parlait de l'excision : la GAMS (Groupe de femmes pour l'Abolition des Mutilations Sexuelles). J'avais parcouru leur site et pris leur numéro de téléphone. Je mourais d'envie de les appeler pour apprendre plus de choses. C'est plusieurs années plus tard, lorsque j'eus mon propre appartement et que j'étais indépendante financièrement que je me suis enfin décidée à les appeler. C'était une femme très douce qui m'avait répondu. Nous avions décidé de prendre rendez-vous pour parler de leur action. Nous déjeunions tous les mois ensemble puis nos rendez-vous se rapprochèrent. J'appris de plus en plus de choses sur cette femme qui se nommait Malia et avait elle aussi été excisée. Un jour elle me proposa de rejoindre la GAMS.

Je fus étonnée, car je ne pensais pas savoir assez de choses pour les aider.

"Je te dirai ce qu'il faut savoir...me dit-elle. Essaie d'y penser. Tu viens souvent me voir pour en parler, tu n'aimerais pas aider les autres ?" demanda-t-elle avec ferveur.

"Si... Mais... J'ai mon travail aussi." répliquai-je

"Je ne te demande pas de venir tout le temps mais juste lorsque tu as du temps libre." m'expliqua-t-elle en riant. "Tu sais que grâce à des campagnes de sensibilisations l'excision a déjà diminué ? Déjà, des lois ont été votées. Depuis 1941, la clitoridectomie et l'infibulation sont interdites. Ensuite, on a réussi à obtenir l'aide de plusieurs imams. Et pour le moment ça fonctionne plutôt bien. Au départ, les personnes qui faisaient exciser leurs filles ne nous faisaient pas confiance. On était trop occidentaux à leur goût ! Tu sais ce qu'ils disaient ? "

Je secouais la tête négativement, je pensais que je n'allais pas apprécié se qu'elle allait dire.

"Ils disaient: 'Nous sommes des musulmans, et c'est à ce titre que nous faisons l'excision', ils croyaient que l'excision était inscrite dans le Coran, les imams leur expliquent que non et en général ils renoncent à la pratiquer." me dit-elle.

"C'est incroyable... C'est bien que cette coutume recule. C'est tellement horrible!" déclarai-je.

Mon téléphone sonna, je décrochais rapidement. C'était Moola.

Depuis un an j'avais fais le grand saut avec lui. Je ne l'oublierai jamais. On dit que toutes les femmes ont mal la première fois mais je ne crois pas qu'elles souffrent autant que moi... Ce jour là, il m'avait invitée au restaurant puis il m'avait raccompagnée. Je lui avais proposé de venir un peu chez moi. Moola était Africain tout comme moi. Il connaissait toute les coutumes du pays mais lui avait eu la chance de naître en France. Ses cheveux étaient coupés court, ses yeux avaient un couleur très rare pour un Africain : verts. Ils étaient envoûtants. Il mesurait une tête de plus que moi et était très fort. Il avait toujours été très doux avec moi.
Le moment venu, je lui confiais :

"Moola... Je suis excisée..."

Il m'embrassa doucement, me lissant les cheveux. Puis il se releva et quitta la chambre ; il revint très vite avec quelque chose à la main.

"Ca va te faire mal... Tu veux continuer ?" demanda-t-il doucement

J'acquiesçais. Je sentis alors une douleur aiguë me traverser. J'avais l'impression de me retrouver des années en arrière, dans cette clairière. Je compris qu'il venait de couper les fils qu'on m'avait mis lorsqu’on m’avait excisée. Mon entrejambe était humide du sang qui coulait.
Je secouai la tête. Ce jour là j'avais eu tellement mal ! Pour ne pas hurler j'avais mordu jusqu’au sang l’épaule de Moola.
Malia agita sa main devant mes yeux.

"Oui?"

"Tu as eu mal n'est-ce pas ?"

"Oui... Toi aussi, non ?"

Elle secoua la tête.

"Non... Pas autant que toi. J'ai eu la chance de me faire réparer avant"

"Réparer ?"

"Oui, tu ne savais pas qu'on peut réparer l'excision ?"

"Non ! Qui peut faire ça ?!"

"C'est un médecin, Pierre Foldès, qui le fait ; le pauvre est le seul à pratiquer cette opération... Prend rendez-vous avec lui, il t'expliquera tout ça mieux que moi" me dit-elle

Elle sortit de son sac une carte de visite et me la donna. Lorsque je rentrais chez moi je téléphonais immédiatement pour prendre rendez-vous. Comment ce miracle était-il possible ?.

Le jour du rendez-vous j'attendis une demi-heure. Enfin la secrétaire m'emmena dans un bureau où se trouvait une table d'auscultation. Un homme d'une quarantaine d'années me serra la main.

"Que puis-je faire pour vous?" demanda-t-il

"Eh bien, j'ai entendu parler de votre opération réparatrice de l'excision... Je voulais me renseigner à ce sujet." déclarais-je

"Je vois... L'opération est la même que celle qui consiste à allonger la verge des hommes, sauf que c'est sur le clitoris." me dit-il

"Mais s’il est coupé, comment peut-on le reconstituer ?"

"Le clitoris est aussi un organe interne, lors de l'opération je découpe la cicatrice qui est douloureuse en général, ensuite je vais chercher sous le bassin le reste du clitoris. L'opération dure une heure en moyenne."

"Est-ce que vous réparez toutes les formes d'excisions ?" interrogeais-je

"Oui, que se soit l'infibulation ou la clitoridectomie. Vous aurez probablement mal une dizaine de jour après l'opération, au bout d'un mois et demi le clitoris reprend forme et six mois environ après l'opération vous pourrez ressentir le plaisir sexuel." m'informa-t-il.

"C'est vraiment intéressant... Il faudrait que je me fasse opérer si c'est dans mes moyens...Combien coûte l'opération ?" demandais-je

"Eh bien, au départ elle était gratuite parce que la plupart des femmes excisées n'avaient pas de couverture sociale mais désormais je ne peux plus opérer gratuitement parce qu'il faut payer le matériel... Alors je vous ferais payer 700 euros qui seront plus tard remboursés en partie par la sécurité sociale."

"Bien... Pourquoi le faisiez-vous gratuitement?"

" L'excision est un acte barbare, une ignominie. Je ne voulais pas gagner d'argent avec ces opérations, cela aurait été une façon de profiter de cet acte inhumain."

Je posai une dernière question : "Pourquoi est-ce qu'on entend pas beaucoup parler de votre chirurgie réparatrice et pourquoi êtes-vous le seul à la pratiquer?"

" Vous savez, en France, les hommes réagissent plutôt bien lorsque leurs femmes se font réparer. Mais ce n'est pas du tout le cas de tous. J'ai reçu plusieurs lettres de menaces. Parfois on me menace même de mort. Alors je préfère être discret. Si j'opère seul c'est parce que collègues ont peur, ils ne veulent pas prendre de risques. Mais j’ai déjà formé quelques médecins qui pourront prendre la relève s'ils en ont le courage." avoua-t-il

"Je sais que ce n'est pas facile mais vous ne devriez pas garder ça pour vous. Si vous vous cachez pour opérer vous donnez raison aux personnes qui vous menacent." déclarai-je."Je vais réfléchir pour l'opération mais il y a de fortes chances pour que je revienne vous voir"

Plus tard, je téléphonais à Malia.

"Salut, c'est Shima. Je suis allée voir le docteur Foldès. Il faudrait que tu le convainques de se faire connaître. C'est dommage qu'il reste dans l’ombre alors qu'il aide les femmes a s'intégrer dans la société."

"Je sais, mais il ne semble pas vouloir se mettre plus en avant. Il nous a juste autorisés à donner l'adresse de son cabinet si des femmes excisées voulaient se faire réparer...Mais comment s'est passé ton rendez-vous?
Tu vas te faire opérer ?"


"Je ne sais pas encore, je vais en parler avec Moola. Mais il y a de fortes chances pour que je le fasse" dis-je

"Au fait, tu ne veux toujours pas faire partis de la GAMS ?" me demanda-t-elle

" Mais que veux tu que je fasse ?! Je ne sais pas convaincre les gens..."

" C'est vrai qu'il faut savoir quelques petites choses mais une fois que tu les auras apprises il n'y aura aucun problème." me dit-elle

" Et quelles sont ces choses?"

" Premièrement, lorsque tu parles de l'excision il ne faut pas que tu abordes le sujet du plaisir sexuel sinon les gens croient qu'on incite les femmes à la luxure. Ensuite, sais-tu pourquoi on continue à exciser?"

" Parce que c'est profondément inscrit dans les moeurs..." hasardai-je

"Oui et non. Maintenant les hommes ont peur de tout ce qui a une apparence phallique chez leurs femmes. Ils pensent que le clitoris peut retenir le pénis prisonnier. Les Peuls pensent que si le clitoris est trop long il empêche la pénétration. " m'expliqua-t-elle

" Mais c'est stupide !" m'exclamais-je

"Oui, en plus beaucoup de femmes meurent à cause de l'excision. Certaines meurent d’hémorragie parce que l’exciseuse a coupé l'artère dorsale. C'est aussi lors de l'accouchement qu'elles peuvent mourir : certaines doivent subir une césarienne pour que le bébé puisse sortir, mais en Afrique elles accouchent chez elle et sont délaissée ; en cas de décès on accuse le mangeur d'âme. Celles qui ont la chance d'en réchapper ont parfois un telle déchirure du rectum et du vagin que les muscles fessiers lâchent. Après elles ne peuvent plus retenir leurs urine ou leurs selles." m'informa-t-elle

"C'est affreux!"

"C'est pour ça qu’on doit se serrer les coudes ! Nous avons la chance d'être en France et de pouvoir agir pour les autres ! C'est pour ça qu'il faut réunir le plus de membres possible ! Il faudrait vraiment que tu rejoignes notre organisation ! Tu sais ce que ressentent les femmes excisées" s'enflamma-t-elle.

" J'y réfléchirai..." murmurai-je

" La lutte est longue... En 1998, le Sénégal a voté une loi contre l'excision et par provocation on a excisé 120 fillettes âgées de 8 mois à 10 ans."

Cette information me causa un choc !

"Comment peut-on mutiler des petites filles pour montrer son désaccord ?"

"Je suis d'accord avec toi" me confia Malia. "C'est lorsque je l'ai appris que je suis devenue membre de la GAMS. Je refusais que les petites filles soient utilisées comme des objets."

" Et tu es satisfaite des résultats pour le moment ?"

"Assez. L'excision a reculé de 10%... Et plus nous serons nombreux, plus elle diminuera" dit-elle avec conviction.

"Très bien... considère-moi comme ta collègue dans cette association !"

J'étais déterminée à agir, moi aussi, pour que cesse cette pratique. Oui, je ferais tout pour que les générations futures ne connaissent pas cette coutume barbare. Si on s'entraide, si on multiplie les actions informatives, un jour cette horreur disparaîtra, chaque être humain aura droit au respect de son corps, de sa liberté.
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MessageSujet: Re: Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)   Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia) Icon_minitimeDim 10 Juin - 1:27

et bien pour être franche avec toi cya c'était ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... SUPER xd

je t'ai fait peur hein ?

n'empêche c'est degu la circonsition des femmes, la matronne je lui aurait mis mon pied dans la figure XD Ou je lui aurais MIS SON COUTEAU DANS LE CUL !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!


XD (si j'avais pu le faire bien sur XD)
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MessageSujet: Re: Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)   Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia) Icon_minitimeDim 10 Juin - 21:44

Kameko, c'est pas ca qu'il faut faire. Chez eux, c'est une tradition. C'est gore, certes, mais une tradition.
Eux te pendront si tu te marrie dans une eglise, te lapideront si tu fait quelque chose qui n'est pas comme EUX le pensent si ca ce trouve.

Et que penser alors des juifs qui circonsisent leurs enfants?
Cela n'a aucun effet sur la reproduction et est fait a la naissance, donc la douleur s'oublie, mais c'est quelque chose de fait sans demande a l'enfant...

Je le repete, c'est gore, mais c'est une tradition. Et stopper une tradition, bha faut vraiment le vouloir pour y reussir (cf le comportement des autres familles quand ont apprends que la fille ne sera pas excisée...)
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MessageSujet: Re: Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)   Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia) Icon_minitimeLun 11 Juin - 1:01

ouai j'ai vu. et c'est gore, même si c'est une tradition c'est quand même pas la-bas que j'aimerais habiter.

elles souffre pour que dalle les filles. ça sert à rien leur tru, à part à tuer des filles en leur creant une hemoragie. *soupir* enfin...
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MessageSujet: Re: Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)   Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia) Icon_minitimeLun 11 Juin - 13:17

c'est atroce ce que t'as enduré, moi personnellement j'ai subi la circoncision, a part la petite douleur ressenti, tout c'etait passé dans le bonheur avec meme de la music et des cadeaux qu'on m'a offert.
( enfait chez nous on la pratique chez des medecins et hopitaux, avec tout materiel necessaire, et pas dans la foret) xd
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MessageSujet: Re: Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)   Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia) Icon_minitimeMar 12 Juin - 1:49

elle l'a pas enduré irath XD

ça vient de son imagination avec ses copines et les temoignages et les chiffres.

enfin... j'espère pour cya.
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MessageSujet: Re: Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)   Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia) Icon_minitimeMar 12 Juin - 16:08

eh bein heureusement pour elle, enfin, si c'est vraiment une imagination xd si non Oo Oo oulala. néanmoins elle l'a vécu ici. héhé XD kamékoooooooooooooooooooo
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MessageSujet: Re: Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)   Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia) Icon_minitimeMar 12 Juin - 16:14

Non je n'ai pas été excisée (heureusement). Par contre, des millions de petites filles et de femmes l'ont été. Oui l'histoire à été inventée mais comme je l'ai dit dans l'Avis ca s'inspire de faits réels. Tout se passe comme ça...Et beaucoup de personnes (même civilisées) ne dénonce pas ce fléau dans leur propre pays où c'est interdit...
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MessageSujet: Re: Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)   Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia) Icon_minitimeDim 1 Juil - 0:59

c'est horrible. mais comme le dit Val c'est ... une coutume. alors on peut rien faire. pourtant...
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MessageSujet: Re: Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia)   Femme assise sur le couteau (coécriture avec:Laura,Laëtitia) Icon_minitimeDim 1 Juil - 22:33

Tout d'abord j'aimerai féliciter Cya et ses amies, pour le travail d'écriture vraiment sensationel qui a été fourni... Tout y est ! La narration, les sentiments, les recherches... Du début à la fin, ce ne fut qu'un plaisir instructif de lecture !
J'ai appris tellement de choses en si peu de lignes, que je pari qu'il fut vraiment difficile de tout résumer en une seule nouvelle ! L'histoire de la petite Shima est vraiment touchante et il n'y manque rien... L'histoire suit la naissance à l'age adulte de la jeune africaine et cela permet vraiment mieux la compréhension de la culture de son petit village !
Une nouvelle fois : Bravo !

Puis, j'aimerai ajouter (suite à la remarque de Val) qu'entre circonsision et excision il n'y a finalement pas une grande différence... Mais, il est vrai que l'excision est une procédure apparemment plus atroce pour la petite fille que la circonsision pour le garçon...
En effet, pour la fillette la douleur reste et persistera même lors de ses rapports sexuels futurs ! Tandis que le petit garçon, souffrira certes sur le coup, mais la procédure de circonsision ne le fera point souffrir plus tard et il semblerait que ce soit même plus hygiénique !! ?!...

Bien qu'à mon gout les deux soient des actes trop barbares, qui permettent une fois de plus de montrer l'aspect de supériorité des adultes sur les enfants ! L'adulte , ayant vécu la même chose, se sent comme "obliger" par la tradition d'en faire de même, alors qu'il pourrait se rebeler tout comme le père de Shima l'a fait avec sa seconde fille !! Et comme l'enfant reste impuissant et ne peut contester, celui ci n'a pas son mot à dire et ne peut que se résoudre aux décisions parentales...

Choquant, instructif, brillant et émouvant... Voila en quelques mots les sentiments que m'ont provoqué ton récit ! C'est vraiment bouleversant, mais cela fait ressortir encore plus la petite humanitaire qui se trouve en moi !! ^^ Comme toutes les autres personnes l'ayant lu, je suppose...
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