Les liens du Sang (nouvelle)

C’était en 2006. Il faisait nuit. Pas une nuit comme lorsque le soleil se couche, non, mais une nuit particulièrement glaciale, pluvieuse et orageuse. Une nuit où, soucieux de leur propre vie, les habitants de Glasgow préféraient rester bien au chaud chez eux. Pourtant, c’est par de telles nuits qu’on pouvait vivre les plus merveilleuses choses, ou les plus mauvaises…

La rue longeant Nahaus Street était déserte ce soir là. On entendait juste de temps à le feulement d’un chat cherchant son maigre repas dans une poubelle. Un courant d’air s’engouffra dans l’étroite rue. De l’autre côté, plus précisément où le courant avait fuit, se dessina une mince silhouette. La silhouette s’avança, lentement, remontant la rue. Arrivée à la hauteur d’un réverbère, la silhouette se révéla être une femme. Elle cligna plusieurs fois des yeux. Si quelqu’un, le plus courageux qu’il soit, l’avait vue, il aurait tout de suite fui en maudissant cet être. Car, en effet, cette femme n’était pas commune.

Tout d’abord, elle était pâle. Pâle non pas comme si elle souffrait d’une quelconque maladie qui rend le corps faible mais pâle comme la neige ou comme la plus pure des perles. Sur cette blancheur apparaissaient deux petits yeux en amande couleur carmin ainsi qu’une fine bouche de même couleur. Des cheveux parfaitement coiffés, de la même couleur que ses yeux étaient attachés à l’aide de perles et un ruban avait été délicatement noué autour de son cou. Une mince chaîne argentée descendait jusqu’à sa poitrine. Le pendentif qui y était accroché représentait un monogramme « K » surmonté d’une rose. Enfin, elle portait une magnifique robe de velours pourpre et évasée. Ce n’est sans doute pas sa beauté qui aurait fait fuir l’individu mais plutôt ce qu’elle était. En effet, lorsqu’elle passa devant le vitrine d’un magasin, son corps était invisible ! On ne voyait que la forme de sa robe mais le visage et le reste du corps n’étaient pas reflétés. Oui, cette femme était un vampire. Une des mille sept cent créatures de la nuit de Glasgow et l’une des sept les plus recherchées. Cette vampire portait le nom de Kelia.

Kelia avait déjà dépassé Waterloo Street lorsqu’elle entendit un bruit. Elle fit volte-face et regarda derrière elle. Rien. Elle reprit son chemin, pensant avoir été victime d’une hallucination. Lorsqu’elle eu atteint Central Park, Kelia s’assit sur un banc et attendit. Une heure…puis deux…puis trois. Au bout de la quatrième heure, elle se leva enfin et marcha le long du chemin, lorsque soudain, elle s’immobilisa. Six fumées noires étaient apparues et l’encerclaient. Kelia ne bougea pas et se contenta de sourire, faisant apparaître deux étincelantes canines. C’est alors que les six tas informes se matérialisèrent en six êtres à la peau pâle et aux canines pointues.

"Enfin nous t’avons retrouvée !" dit l’un d’entre eux.

"Je ne cherche pas à fuir, je vous attendais, même." répondit Kelia.

"Dans ce cas…"

Les vampires sortirent chacun une fine lame d’argent mais l’une des créatures, la seule femme du groupe, s’avança en premier.

"Laissez," dit-elle, "c’est mon combat."

Kelia souriait, amusée.

"Oh…Kaede…Ca faisait longtemps…La dernière fois c’était…mh…lors de ta dernière défaite, non ?"

"Grrrr," grommela Kaede, "cette fois tu ne t’en sortiras pas, tu mourras de ma main !"

Et le combat commença. Morsures, coups de couteau, griffures, coups de poing…Tout y passa. Le combat sembla durer des heures et chacune avait l’avantage à tour de rôle. Lorsque le duel toucha à sa fin, il se passa quelque chose que ni l’une ni l’autre n’aurait pu prévoir.

Kelia tint fermement Kaede et lui lacera le visage avec sa lame. Puis, bloquant le cou de sa victime, elle planta, avec une grande violence, ses crocs et bu à grandes gorgées. Keade se débattait et hurlait de rage mais elle espérait que Kelia absorbe sa dernière goutte de sang, ce qu’il lui aurait été fatal. Malheureusement, celle-ci se retira, laissant juste assez de sang à Kaede pour qu’elle soit consciente.

"Bouh…" ,murmura Kelia à l’oreille de l’autre vampire, "on dirait que j’ai encore gagné."

Kaede ne répondit pas.

La victorieuse prit alors le couteau dégoulinant de sang et vint le passer, tout doucement, sur sa langue. Elle fixa Kaede qui ne bougeait plus, les yeux grands ouverts, vidée de son sang. C’est alors que Kelia remarqua quelque chose qu’elle aurait préféré ne jamais voir. La robe de Kaede avait été déchirée par endroit et l’on pouvait désormais voir, encré sur sa peau, un tatouage noir, représentant le monogramme « K » surmonté d’une rose. Kaede était sa sœur.