Keikoku et Celthin. Une matinée de printemps...

"Je suis élémentaliste" répondit Celthin. "Je maîtrise assez bien l'eau et le feu."

Elle hésita.

"Si vous ...Si tu es fatigué, on peut s'assoir un moment dans l'herbe si tu préfére."

Instinctivement, elle recommenca à tripoter les longs rubans de son corset sérré... Elle les laissait s'enrouler autour de ses doigts, de ses poignets... Elle n'attendit pas la réponse de son accompagnateur et s'accroupie dans l'herbe. La rosée du matin s'était évaporée et le soleil nourrissait l'herbe de ses rayons bienfaisants. Elle s'allongea et ferma les yeux, pensive. Elle en aurait presque oublié la présence de Keikoku.

"mmhmmm. Oui, peut-être..." Elle repensa à Cya "Quant à moi, j'ai la forte impression de ne voir que des psyons ici."

Le soleil était à présent haut dans le ciel et projetait ses rayons ardents sur le parc. Eblouie, Celthin plissa les yeux et finit finalement par renoncer à les laisser ouverts. Un papillon voleta au dessus d'eux et se posa sur la joue droite de la jeune fille avant de reprendre son envol.

"Ce doit être merveilleux de pouvoir communiquer rien que par la pensée, de se comprendre sans parler"

Elle sourit. C'était son premier vrai sourire depuis longtemps. Elle rayonnait.

Celthin laissa les mots du jeunes homme s'infiltrer dans son esprit.

"Il est nécéssaire d'être Psyon pour maîtriser toutes ses choses ?"

Bien sûr, léviter ne lui aurait sans doute pas été d'une grande utilité puisque Celthin savait voler... mais...

"Faut il être psyon pour se forger une barrière mentale ?"

En effet, l'idée que quelqu'un puisse s'imiscer dans ses pensées aussi facilement la dérangeait alors... Pourquoi ne pas tenter sa chance ?

A peine le chat eu froler la robe de Celthin du bout de ses coussinets moelleux qu'une deuxième silhouette jaillit de l'herbe. C'était une forme noire et silencieuse. Elle sauta sur le chat et le fit tomber sur le côté. Le chat noir de la jeune fille, qui l'accompagnait en tout lieu, tentait à présent d'attraper les moustaches de son nouveau compagnon.

"Et voici Lust."

A l'entente de son nom, le chat leva son museau et s'apperçut de la présence de Keikoku. Il sembla d'abbord appeuré, mais cela ne dura qu'un quart de seconde puisque tout en roulant, il avait réussi à se faufiler jusqu'au professeur pour lui sauter sur la tête.

"Si, il est trés mignon." aquiesta la jeune fille, le regard plongé dans le vide.

Elle n'avait jamais eu beaucoup de relation avec les gens et Celthin ne svait ni vraiment quoi faire, ni vraiment quoi dire. Une sensation étrange avait grandit en elle depuis sa rencontre dans les bois et il lui semblait contempler sa vie comme si elle en était une simple spectatrice, comme si une bulle de verre la séparait des éléments qui l'entouraient.

Le soleilprojetait de violents rayons qui éblouissaient ses yeux et bientôt, Celthin renonca à les maintenir ouverts. Ses paupières se clorent et ses iris clairs disparurent sous un voile pâle. Les couleurs autour d'elle s'estompèrent et les bruits se mélangaient dans son esprit, formant un amas ronronnant de sons indifférenciables. La fille, qui ressemblait à si méprendre à une poupée de porcelaine, ne sentait à présent plus que la chaleur apaisante que l'astre du jour propageait sur sa peau. Sa respiration se fit plus lente. Celthin n'était pas endormie, et pourtant, on ne pouvait dire si elle était encore vraiment éveillée.

Le doux calme qui s'était insinué dans l'esprit de la jeune fille fut soudainement chassé par ce qu'elle perçut tout d'abbord comme une intrusion délibérée. Ses lèvres se figèrent et son coeur commençat à battre plus rapidement et plus fort. Sa respiration changea à nouveau pour devenir plus puissante et plus rapide.

Un tourbillon de mouvements et de couleurs dansait devant ses yeux à présent aveugles. Ne les avait-elle pas fermé ? Un paysage se formait devant ses pupilles, elle le reconnut comme celui qu'elle avait abandonné un instant plus tôt.

Alors qu'elle se lançait dans une lutte intèrieure, des paroles à la fois lointaine et résonnantes fusèrent dans son esprit. Elle les repoussa de toute ses forces et hurla dans un cris... inaudible.

Lorsqu'elle perçut enfin le sens de ces mots étrangés, elle comprit qu'elle ne risquait pas grand chose. Toutefois, cette intrusion en son sain lui fit comprendre que si un jour prochain une véritable prise de contrôle de son esprit était tentée, elle ne pourait probablement pas se défendre...

*Tu... entends ?* Pensa-t-elle, tentant dde paraître plus calme qu'elle ne l'était à présent.

Haletante, Celthin tenta de retrouver ses esprits.

"Je maîtrise un peu près tout les éléments, mais à des niveaux différents. Je maîtrise bien le feu et l'eau, mais mes capacités avec l'air et la terre ne sont pas trés développées pour le moment."

Comme elle parlait, elle attira près d'elle la rosée matinale dont les goutellettes couvraient les herbes alentour de perles de diamant. Une petite sphère de la taille d'une orange flottait à présent au dessus d'elle. Peu à peu, cette forme se transforma en une rose aux détails parfait.

La jeune fille tendit la main vers la fleur et, contrairement à ce que l'on eut pu imaginer, ses doigts ne la traversèrent pas. Doucement, elle approcha la rose translucide du jeune homme et, contact de la chair contre la chair, frolant cette autre main étrangère, elle lui en fit offrande.

La complimentait-il simplement pour lui faire plaisir ? Celthin ne voyait pas ses pouvoirs sous un si bon oeil. Elle était loin de maîtriser tout parfaitement. Elle porta sa main à ses cheveux, sur la rose qui venait d'apparaitre, mais celle-ci s'évapora sous ses doigts dans une brume colorée. Sa main se referma dans le vide. Elle se laissa rouler sur le côté. A présent, elle contemplait le visage du professeur. Comme elle était allongée et que lui était assis, il semblait grand et paisible.

Pour toute réponse, Celthin choisit le silence. Elle allait très bien mais elle n'avait tout simplement rien à dire. Il faut dire que la jeune fille n'était pas de celle qui engageait une discussion facilement. Les siennes, d'ailleurs, étaient plates et parsemées de blancs où l'on se sentait géné de n'avoir rien à ajouter. La fille aux cheveux d'encre n'y prétait même plus attention. S'ils ne savaient pas quoi dire, alors, il ne servirait à rien de parler dans le vent. Or, il était fréquent que Celthin ne dise rien. Pas qu'elle ne savait rien, mais simplement qu'elle prenait rarement la peine de s'exprimer.

Elle continuait de le regarder fixement.
"Oh... Tout juste quelques semaines..." répondit-elle vaguement.
Ses yeux étaient rivés sur le visage de Keikoku et elle le dévisageait si intensément que s'en était presque impoli. Qu'est-ce qui avait bien pu pousser ce jeune homme à l'aider, elle, lorsqu'il l'avait trouvée en train d'enfreindre délibérément le règlement ?

Celthin fronca les sourcils. Pourquoi se méttait-il à lui dire tout cela ? Elle ne se sentait pas timide. Peut-être un peu réservée, tout au plus. Et elle ne se sentait pas le besoin de trouver des amis qui s'amusait à braver pitoyablement les interdits en esperant y trouver une gloire quelcqonque. Elle ne voyait pas l'interet de poser quelques questions dont les réponses ne l'interesseraient pas juste pour avoir l'air plus sympathique. Que lui voulait-on au juste ? Ces personnes ne comprenaient-elles pas la joie de se plonger dans leurs pensées, côte à côte, sans pour autant chercher à remplir les vides auditifs ?
"Non. Ce n'est pas ça."