Nienor se promenait comme à son habitude aux abords des bois sifflotant un air ancien dont elle n'arrivait pas à se remémorer le nom. Ses pensées divaguaient entre le rêve et la réalité tantôt dans l'un tantôt dans l'autre sans pouvoir toujours faire la différence entre les deux.
Ainsi elle se retourna plusieurs fois croyant avoir entendu son appelé nom, ce n'était bien sûr que l'objet de son imagination en tout cas c'est ce qu'elle se disait avant de se retourner dans l'intention de reprendre sa route. Elle se sentait bien ici, entre la sécurité de l'école et le danger de la forêt, elle pouvait choisir si elle voulait rester à l'abri du danger ou encore l'affronter, mais n'étant pas une personne courageuse par nature elle choisissait toujours de finalement revenir dans la chaleur confortable de l'école.
Elle hésitait souvent, et de plus en plus ces derniers temps bien qu'elle sache au fond d'elle même que ces hésitations n'étaient là que pour lui donner contenance et qu'elle ne rentrerait certainement jamais dans la forêt.
Or cette fois elle voyait les choses différemment, les profondeurs obscures des bois lui paraissaient presque attirantes.
Elle s'arrêta et scruta de longues minutes les profondeurs boisées.
Tout y étaient calme, le temps dans cette forêt semblait être suspendu et les rares bruits qui s'y faisaient entendre s'imprégnaient en elle la poussant à encore plus vouloir pousser son investigation à l'intérieur même des bois. En fait c'était la première fois qu'elle le voulait réellement.
Et ainsi elle resta un long moment perdue dans la contemplation, son coeur oscillant entre l'envie soudaine de prise de risques et celle qui ne l'avait jamais quittée de calme et de protection.
Mais Nienor n'était pas une personne qui avait l'habitude de désirer vraiment quelque chose, au contraire, la plupart du temps elle était soit dans l'indécision soit dans l'indifférence. Seulement, qui n'a pas l'habitude de désirer à d'autant plus de mal à maîtriser des désirs qui étant plus rares sont plus puissants.
"Après tout, je n'aurai qu'à ne pas trop m'éloigner du bord"
Mais déjà elle savait qu'elle ne s'y limiterait pas et qu'elle irait aussi loin que ses jambes lui permettraient d'aller alors elle rentra dans la forêt, ayant passé le premier arbre elle eut un frisson puis elle avança de plus en plus vite tombant parfois car elle ne regardait pas vraiment sur quoi elle marchait au bout d'une bonne heure de marche à vive allure elle s'arrêta à bout de souffle.
Et ce fût comme si ses sens s'ouvraient à elle, elle entendait une myriade de bruits auxquels auparavant elle n'avait guère porté d'attention. Des bruits qui avaient étés suffisamment faibles pour qu'elle ne les étende même pas, mais ici ses sens s'étaient comme éveillés et cet éveil eut la brutalité d'une agression.
Le choc passé elle découvrait plus de choses qu'elle n'avait jamais découvert, le bruit des craquements des branches sous un vent qui restait pourtant léger, et toutes ces choses qui paraissant tellement évidentes mais dont si on ne les observe pas de près on ne peut déceler ni la réelle importance ni beauté.
Elle voyait la mousse verte sur les arbres, ces arbres immenses dont les branches se déployaient vers le ciel comme pour l'atteindre, et elle sentait l'odeur des bois et des herbes, de l'écorce.
Elle dont l'élément était la terre elle se retrouvait en parfaite harmonie avec celle-ci, pour la première fois et elle sentait ses forces lui revenir.
La lumière surtout, la lumière qui filtrait à travers les feuilles donnant à l'ensemble une couleur d'un vert limpide et à la forêt un aspect de joyau qui étincelait.
Elle s'assit sur une grosse pierre toute recouverte de mousse et se dit que finalement ce bois n'était pas tant effroyables et dangereux qu'on voulait bien le dire. Puis elle se rappela qu'il y avait plusieurs "parties" de forêt,
et que là où elle était à ce moment là rien de nuisible n'était certainement à craindre.
Mer 26 Mar - 22:26